Hélène Roger-Viollet (1901–85) and Jean-Victor Fischer (1905–85)
In Varamin: February 1958
Repository: Collections Roger-Viollet, Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP)
Curator’s preface: A search of ‘Varamin’ in Google or Getty Images can lead to a series of black and white images taken in 1958. Some of these photographs are distinguished by their capturing of the wider contexts surrounding Varamin’s historical monuments, including streetscapes and inhabitants. In this contribution in French, Delphine Desveaux introduces the archive in question—Roger-Viollet—which is central to the history of commercial photography in twentieth-century France but less known in Persian art circles. In addition to being the only example of commercial photography in this feature, this collection is distinguished by its volume of photographs of Varamin, the majority of which remain to be explored.
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Pourtant graphomanes, le couple Hélène Roger (dite Roger-Viollet, 1901–85) et Jean-Victor Fischer (1905–85) n’a laissé aucun texte retrouvé portant sur leur voyage de 1958 en Iran, voyage qui semble débuter au Liban et finir en Turquie. Le séjour est daté de janvier-février, sans plus d’information. 4932 prises de vue au Rolleiflex ont été réalisées par le couple sans que chacun ait clairement identifié sa production ; de fait, cet ensemble est attribué aux deux auteurs.


Il faut attendre 1961, année du second voyage identifié du couple en Iran, pour lire 5 pages de J. V. Fischer intitulées « Téhéran » et ainsi avoir une idée de la manière « Roger-Viollet » sur l’appréhension des lieux et des personnes rencontrées en voyage (fig. 3). La première page est intégralement consacrée à la description de l’hôtesse de l’air japonaise et aux « types physiques » des voyageurs montant et descendant de l’avion selon les escales (Rome puis Athènes). La redécouverte de Téhéran commence à la page 2, sous forme d’un tourisme rapide et dépassionné. Les lieux sont décrits platement (arrosage, éclairage, ramassage des ordures, langues employées et absence de chiens), voire de manière hostile, de même que les personnes. La notion de « type » évoquée plus haut, voire de classement par genre des personnes, est tangible, la prose ethnocentrée de J. V. Fischer rappelant souvent la cruauté d’une exposition coloniale.
L’intérêt photographique de J. V. Fischer en 1961 aura été au moins retenu par la décoration intérieure de son taxi, « tapissé d’images de couleurs crues protégées par de la cellophane », mélange brillant de photographies de paysages et de célébrités qui lui fait conclure son texte par une formule lapidaire : « Le prix unique des taxis est de 1.50 nf, sans supplément pour la belle exposition » (fig. 3).

L’intérêt d’Hélène Roger pour l’Iran lui vient peut-être de sa famille. Son oncle Henry Viollet (m. 1955), archéologue, architecte, voyageur et photographe de renom, a visité l’Iran en 1911–13 et pris de nombreuses photographies (voir ses archives à la BULAC). Henry Viollet diffusait ses prises de vue chez Laurent Ollivier, au 6 rue de Seine (carte), et lorsque Hélène Roger et Jean-Victor Fischer reprennent le magasin en 1938, ils reprennent naturellement la diffusion de ce fonds (figs. 4–5).


La reprise en 1938 du magasin de Laurent Ollivier atteste que les deux diplômés en journalisme (École des hautes études sociales) fondaient leur « Documentation générale photographique Roger-Viollet » car la photographie payait mieux que leurs textes. En effet, malgré une prose surabondante qui dure dans le temps, ni Hélène Roger ni son époux ne réussiront à se faire éditer par des tiers, leur seul ouvrage commun publié l’ayant été à compte d’auteur en 1972 (fig. 6).

Numérisées au début des années 2000 à la demande du service de la conservation et de la valorisation des Collections Roger-Viollet, choisies pour leur qualité esthétique et leur « attractivité », les quelques 300 photographies numérisées de cet ensemble iranien donnent une image ouvertement tronquée et déformée de la production complète (4932 photographies), correspondant à la manière des fondateurs d’accumuler puis de diffuser les photographies. Huit de ces 300 photographies numérisées ont été prises par le couple à Varamin en 1958, mais dans la collection totale, 110 numéros concernent Varamin (figs. 7–8 ; voir aussi Architectural Heritage).


Les Collections Roger-Viollet et leur équipe de conservation et de valorisation patrimoniale ont été intégrées à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP) en janvier 2018, elles mènent entre autres des campagnes d’inventaires, numérisation et identification.
Ressources pratiques:
- Contacts : bhvp@paris.fr, delphine.desveaux@paris.fr
- Site commercial du diffuseur des photographies numérisées : https://www.roger-viollet.fr/home.php
Sources:
- « Téhéran ». Tapuscrit non inventorié, Collections Roger-Viollet, Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP).
- Desveaux, Delphine. « Constitution d’une collection, pratiques, circuit des tirages photographiques et conventionnement, le point de vue d’une agence photographique historique, Roger-Viollet (1938–2005) ». Situ, revue des Patrimoines 36 (2018), https://journals.openedition.org/insitu/18093.
- Desveaux, Delphine, Marie-Ève Bouillon, and Paul-Louis Roubert. « Les mémoires multiples de Roger-Viollet ». Photographica 4 (2022), https://journals.openedition.org/photographica/838.
Citation: Delphine Desveaux, “Hélène Roger-Viollet (1901–85) and Jean-Victor Fischer (1905–85).” Photographers entry in The Emamzadeh Yahya at Varamin: An Online Exhibition of an Iranian Shrine, directed and edited by Keelan Overton. 33 Arches Productions, January 15, 2025. Host: Khamseen: Islamic Art History Online.